Paroisse de la Vallée de l'Echelle

Eglise Saint Pierre aux Liens de GARAT

20081111 012.jpg (2767900 octets) HISTORIQUE

De Girard II à la Révolution.

Construite à la fin du XIIè siècle selon un "plan courant" choisi par l'évêque Girard II pour les églises de petites paroisses rurales, il ne reste de cette construction romane que le pignon ouest (photo), pignon classé à l'inventaire des monuments historiques.

Consacrée à Saint Pierre aux liens, cette église sera jusqu'en 1500 le siège d'un archiprêtré regroupant les paroisses de Garat, Beaulieu-Cloulas, Bouëx, Dignac, Dirac, L'Isle d'Espagnac, Magnac sur Touvre, Mornac, Ruelle, Sers, Saint Roch, Sainte Catherins et Villars. Sous l'ancien régime, les paroisses de Saint Roch et Sainte Catherine disparurent alors que celle de Villars était rattachée à l'archiprêtré de Torsac.

Le curé de Garat était "décimateur", c'est à dire qu'il percevait la dime: le dixième des récoltes.

Selon le Pouillé historique du diocèse d'Angoulême, le nombre des communiants était de 520.

Les textes concernant cette église sont peu nombreux. En 1110 une bulle du pape Pascal II l'attribue au chapitre de la cathédrale d'Angoulême. Le jour de Pâques 1629, selon l'abbé Nanglard, la voûte romane en pierre serait tombée pendant la messe sur les fidèles, entraînant le clocher et la nouvelle cloche coulée en 1624. En mai 1792, selon le même auteur, la voute s'écroule à nouveau "accidentellement" lors de la descente d'une des deux cloches.

Du XIXè siècle à nos jours.

En 1832 le clocher pignon de la façade est élargi "pour mettre à l'abri la cloche et sa corde". Au milieu du XIXè siècle l'intérieur de l'église sera mis "au goût du jour", à savoir murs plâtrés décorés de faux joints, voûte en briques et autel de style baroque surchargé.

Dans les années 1970, le père Plisson, curé de Garat de l'ordre des Montfortains prenant lui-même la hachette et le martelet, remettra les murs à nu, revenant ainsi à plus de simplicité.

Le 26 juillet 1983, un tornade endomage la toiture et le clocher dont la couverture en ardoise sera refaite en tuiles plates.

A Noël 1991, pendant la messe de minuit, un architecte parisien remarque dans l'axe de la voûte en briques, une fissure dangereuse qui conduira à une démolition totale, découvrant l'ancienne charpente en chêne aujourd'hui restaurés.

Enfin, 1996 verra le décapage, le rejointement général de la façade et le commencement de la restauration des vitraux.

LA FACADE

Classée à l'inventaire des monuments historiques, elle a été reconstruite à la fin du XIIème siècle. Il faut sans doute replacer ces travaux dans le mouvement de constructions religieuses faisant suite au chantier de la cathédrale d'Angoulême, mouvement qui va se prolonger en Angoumois jusqu'en 1170.

Très simple, à l'image de tout l'édifice, elle présente un portail dont les voussures sont en arc légèrement brisé. Ce portail est surmonté d'une baie étroite à colonnettes. L'archivolte est décorée de pointes de diamant, élément récurrent de la sculpture romane. On y trouve aussi trois petites têtes humaines très naïves, motifs que l'on retrouve sur les chapiteaux de la baie centrale.

Dans le fait que la tête de droite se trouve couchée, ne cherchez aucun symbole: l'hypothèse avancée par les spécialistes est la suivante: ce bandeau devait posséder plusieurs de ces têtes et lors d'une restauration, par souci de symétrie, on a placé là une des figures qui devait se trouver, à l'origine, tout en bas de l'arc donc à la verticale.

Le sommet de la façade devait se terminer par un clocher. Ce pignon sera modifié en 1832 et remplacé par le clocher "pigeonnier" actuel qui contraste avec la sobriété de la partie romane. Les petites ouvertures dans le contrefort gauche éclairent l'escalier intérieur qui dessert le clocher.

A la révolution, c'est à la porte de l'église que sont affichés les décrets de l'Assemblée Nationale et le 9 Frimaire de l'an II (23 novembre 1794), c'est devant son portail que sont brûlés les titres féodaux des nobles garatois.

A votre gauche, se trouve le bâtiment et le portail, surmonté d'une croix; du presbytère actuel.

De 1793 à 1800 ce corps de logis abrita la mairie, le greffe et la salle cantonale (Garat était alors chef lieu de canton), le greffe et la salle d'audience du juge de paix et après 1800, l'école primaire de la commune.

L'INTERIEUR

En pénétrant maintenant dans l'église, vous remarquerez sous les claveaux de la voûte du portail des signes gravés. Il s'agit là des "marques de tâcherons" du XIIème siècle qui, pour être payés, "signaient" ainsi la pierre qu'ils avaient taillée.

L'église Saint-Pierre-aux-lLiens présente un plan très simple avec une nef unique de trois travées prolongées vers l'est par une travée droite et une abside en segment de cercle.

Les deux premières travées appartiennent encore à la période romane.
Les colonnes adossées qui délimitent chaque travée devaient supporter les doubleaux d'une voûte en berceau (tombée en 1629).
Les bases des colonnes, hautes et à large scotie, ainsi que les baies étroites et très ébrasées à l'intérieur, indiquent une construction de la première moitié du XIIème siècle. Cependant, la présence de chapiteaux de sculpture archaïque ne s'accorde pas avec l'architecture. Il pourrait s'agir d'un remploi provenant de l'édifice mentionné en 1110 et dont il ne reste pas d'autre trace.

Au niveau de la troisième travée, un décrochement est visible (encore plus net à l'extérieur): cette église a souffert d'une destruction et d'une reconstruction "dans un style roman" au XVIIème siècle.

Les colonnes jumelles adossées à un dosseret prouveraient l'existence antérieur d'un clocher au dessus du choeur. Il convient de noter aussi les baies deaucoup plus larges, placées sous un arc monolithe et dans l'épaisseur des murs, à droite et à gauche la présence de deux "enfeus" malheureusement démolis et modifiés au début du XXème siècle.

Dans la pretie basse, à droite, derrière l'autel, on peut reconnaître l'étroite "porte des morts" murée, fréquente dans les églises romanes: la cérémonie funèbre achevée, on y passait uniquement le cercueil reçu dans le cimetière voisin par les fossoyeurs, symbole du passage du monde des vivants à celui des morts.

De 1591 à 1636, elle a dû voir défiler les terribles convois funèbres de l'épidémie de peste.

L'abside (dont une partie selon les spécialistes, daterait aussi du XIIème siècle) a été percée récemment de deux baies dont les ébrasements larges se rejoignent assurant une lumière plus continue dans cette partie de l'édifice.

La baie centrale (Saint Paul) est dans l'axe de l'église, alors que l'autre est déporté à droite (plus net de l'extérieur dont l'accès n'est pas possible). Hypothèse: trois baies avaient été prévues, mais par manque de moyens, deux seulement ont été réalisées.

Les vitraux du choeur datent du XIXème siècle, ils ont été offerts par les notables locaux.
Le vitrail de droite du XIXème siècle représente la patron de l'église: Saint-Pierre-aux-Liens.

Pourquoi Saint-Pierre-aux-Liens?
Au XIIème siècle, naquit une légende qui veut qu'une soudure miraculeuse ait réuni la chaîne qui avait lié l'apôtre Pierre à Jérusalem à celle qui l'avait lié à Rome (ces reliques sont exposées à Rome dans l'église qui abrite aussi le célèbre Moïse de Michel-Ange).

TROIS ANECDOTES

1 - La cloche porte l'inscription suivante:

"Je m'appelle Jeanne, mon parrain fut le très noble Louis Normand, Seigneur de GARAC, et ma marraine dame Jeanne Marie Gayot, épouse du très noble Pierre de Montalembert, capitaine des armées du roi. J'ai été fondue l'an du seigneur 1768; le recteur était maître Fr. Debresme, prêtre bachelier en théologie, les procureurs de l'église étaient messieurs Jean Renon et Armand Vergnaud, Pierre Birot de Boumis. Constructeur et fondeur Paul Gansberf".

2 - Le 14 juillet 1790, après le TE-DEUM anniversaire de la prise de la Bastille, quelques "citoyens excités" y pénétreront pour s'emparer des prie-dieu des nobles de la paroisse pour les brûler devant le portail.

3 - Le 11 juin 1791 sera nommé à Garat: l'abbé Sazerac, curé constitutionnes qui se mariera et aura, de ce fait, beaucoup d'ennuis avec ses paroissiens.

 

TROIS ENIGMES

1 - En 1897, l'abbé Nanglard dans le Pouillé historique du diocèse d'Angoulême (p 323) déclare que "la voûte romane de l'église serait tombée le jour de Pâques 1629". Pourtant, le registre paroissial (déposé aux archives départementales) ne mentionne cette année là qu'un nombre habituel de décès... (ou alors, la catastrophe a eu lieu avant ou après la messe !...).

2 - En 1922, le même auteur évoque la chute de la cloche "avec la voûte du clocher" en 1792. Pourtant, à cette époque, les assemblées communales convoquées "à son de cloche" se réunissent à l'église et aucun compte-rendu ne mentionne ce qui a dû être plus qu'un incident !

3 - Clocher sur le choeur ... ou pas ?

NON vous dirons certains car la base des clochers romans est un carré alors que l'espace entre les colonnes jumelles du choeur est un rectangle... et à quoi aurait servi l'escalier à vis situé dans la façade Ouest ?

OUI vous dirons d'autres spécialistes car:

Il s'agit bien sûr d'hypothèses que des documents (s'ils existent) permettront peut être un jour de confirmer.

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Bibliographie:

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